Albert Robida fait partie des auteurs référence du mouvement steampunk et sa trilogie d'anticipation : "Le vingtième siècle", "La guerre au vingtième siècle" et "Le vingtième siècle. La vie électrique" est chère au cœur des steameurs.
Albert Robida, un notaire de perdu, un génie de trouvé
Il faut dire que le garçon a tout pour plaire. Né vingt ans après Jules Verne, en 1848, ses études de notaire l'ennuient alors il laisse vagabonder son imagination en s'adonnant à la caricature. Dès 1866, il publie ses dessins dans diverses revues et délaisse définitivement le notariat pour devenir caricaturiste, illustrateur, graveur, journaliste et romancier. Il connaît le succès en multipliant ses productions, graphiques comme littéraires mais tombe progressivement dans l'oubli après la première guerre mondiale et meurt en 1926.
Albert Robida, un des maîtres de l'anticipation
Bien qu'il délaisse quelque peu la vapeur, le mouvement steampunk ne pouvait pas passer à côté d'un maître de l'anticipation qui a maintes fois prouvé son talent de visionnaire. Sa trilogie "Vingtième siècle" est un bijou d'inventivité, Robida est fasciné par l'électricité et il multiplie les inventions utilisant cette technologie révolutionnaire pour l'époque.
Comment a-t-on pu oublier l'inventeur de téléphonoscope ? Dans "Le XXe siècle, la vie électrique", Robida accroche au mur son téléphonoscope. C'est une sorte de télévision qui se présente comme un écran mural et qui diffuse H24 des pièces de théâtre, des cours et des téléconférences. Ça rappelle furieusement les séries en streaming et les formations qu'on peut suivre sur Internet ou par Skype. Sa télévision n'est guère différente de celle d'aujourd'hui : divertissement, communication et information, le tout accessible au peuple, sans distinction de classe sociale.
Non, Elon Musk n'a rien inventé
Mais l'ami Albert ne s'arrête pas là et il emprunte quelques thèmes chers à Jules Verne, notamment en se penchant sur des transports d'un nouveau genre. Ils sont rapides et généralisés que ce soit par air ou par tube. Si vous souhaitez vous déplacer individuellement, prenez donc un aéronef mais vous pouvez préférer les transports en commun et choisir de voyager par le train-tube électro-pneumatique. Alors Elon Musk qui veut passer pour un visionnaire peut aller se rhabiller, il n'a rien inventé. Son hyperloop n'est que le plagiat du train-tube électro-pneumatique d'Albert Robida. Cela dit, s'il arrive à le concrétiser, il marquera un point sur Albert qui s'est contenté de le dessiner !
Image de synthèse de l'Hyperloop (Crédit : HTT /JumpStartFund)
Une vision bipolaire de l'humanité
La prescience d'Albert n'a pas de limite et il le prouve en envisageant la guerre chimique. Certes, elle a toujours existé. (Quand on pense que l'homme des cavernes avait déjà inventé les flèches empoisonnées, ça ne donne pas une image ultra positive de l'être humain parce qu'on se doute bien que ça lui servait à la chasse, mais aussi pour dégommer le gonze dans la caverne d'à côté !) Mais cette intuition que l'homme va s’entre-tuer cadre bien avec l'état d'esprit d'Albert qui nourrit une vision assez sombre de l'humanité. Il s'inquiète de la surpopulation et envisage les accidents industriels. Il se montre particulièrement sévère à l'égard de l'industrialisation galopante et très soucieux de la pollution qu'elle génère, craignant ses effets délétères sur la santé et le vieillissement prématuré. Il envisage même la création de parcs naturels pour s'autoriser un retour dans la vie d'antan, plus saine et plus apaisée.
Alors là, ça vaut qu'on s'y arrête ! L'auteur écrit un roman d'anticipation dans lequel il imagine ses protagonistes nostalgiques du passé - donc du présent dans lequel lui-même vit - inventant un moyen d'y retourner. On nage en pleine schizophrénie ! Sinon, ça ne vous rappelle pas un peu le steampunk ?
Mais tout est bien qui finit bien dans le roman car l'électricité permet néanmoins de rectifier les dérives du climat en irriguant les déserts ou en réchauffant l'hiver !
Albert Robida chérit le progrès autant qu'il le craint. Il envisage par exemple dans "L'horloge des siècles" les ravages du collectivisme avant que les premiers communistes ne mettent à exécution leur politique génocidaire.
Bref, il convient tout de même de rendre hommage à ce génie de la prémonition, et c'est chose faite avec ce tee-shirt qui nous rappelle à quel point des hommes comme Albert Robida traversent les siècles sans se soucier des modes.